Je Vous suis très obligé Monsieur, de la part que Vous avez / bien voulu prendre a ma maladie[.] Je me retablis graces a Dieu peu a peu, / et surtout depuis quelques semaines.
J’ai fait copier Votre traduction de mes poemes: et le libraire a promis de les expedier / pour la foire de Francfort Paques, et meme de les accompagner des memes ornemens, qu’il a / ajoutés a l’édition allemande. Je suis toujours un peu inquiet sur le sort de ces pro-/ductions, qui ne seront peutetre pas du gout des Français, nation critique, et gatée par / les grands hommes qu’elle a produit, et qui l’ont rendue extremement difficile. / Je metrai le Nom puisque vous le voulés. Mais il faudra bien designer le traducteur par / quelque endroit, et je ne trouve aucun inconvenient a Vous Vous donner ce qui Vous est du, / et ce qui est dans Votre famille depuis longtems.
Nous avons depuis quelque tems les poemes de M. Werlhof, extremement polies pour / la langue et pour le tour: Nous en avons aussi de Gottsched, qui sont comme tout ce qu’on / a de lui. Il y compare un pais, qu’il a trouvé afreux, avec le stile de mes compatriotes / on dit, qu’il s’etablit a Vienne. – et on repand que c’est en Sacrifiant sa religion, ce que / j’ai de la peine a croire encore, a son age, ou il ne doit plus conter les douceurs de cette vie / pour grand chose. On critique beaucoup ici sa grammaire, mais il fait face de tout cotés, / et n’a jamais tort.
Je suis avec une parfaite estime / Monsieur
Gottingue le 17 d’octobre 1749.
Votre trez humble & trez obeissant / Serviteur Haller
Albrecht von Haller an Vinzenz Bernhard Tscharner, 17. Oktober 1749, in: Digitale Edition der Korrespondenz Albrecht von Hallers, République des Lettres (hallerNet) 2018ff., https://republique-des-lettres.ch/edition/haller-tscharner/letter/13744.