Ayant prié il y a quelque tems M Wedekind de me
marquer le jour exact de la reception de M. de Perard dans la Societé Germanique
et n’en ayant point de reponse, je prens la liberté de
m’addresser a Vous pour me metre en
etat de repondre a ce Savant. Je suis avec beaucoup de consideration
Lorsque l’année passée on m’élut Secrétaire de la société
allemande, je trouvai les Archives de cette société dans un très-grand
désordre, en partie chez feu l’ancien de la société en partie
chez le Secrétaire. J’étois trop ocupé cet hiver-là pour pouvoir y
mettre ordre; tout ce que je fis, ce fut d’envoyer aus membres honoraires quelques
pièces qui avoit nouvellement paru dans
Je souhaite de tout mon coeur que Vous soyés arrivé à Bern en bonne santé avec Madame
votre Epouse et Ma Freule Votre fille, et que
celle-ci jouisse maintenant entre les bras de Monsieur son Epoux de toute sorte de
contentement, à Votre satisfaction et à celle des familles intéressées.
J’ai été ravi de la nouvelle que vous me donnés de votre heureuse arrivée et du
mariage de Madame votre fille à qui je souhaite
tous les bonheurs imaginables.
Mr de Hemessen partit le 16e de ce mois, pour aller se rendre aux Sinodes de
Juliers et de Berg et pour collecter jusqu’à ce
que nous lui écrivions de venir faire la dédicace de l’Eglise. Nous
poussons l’ouvrage autant que nous pouvons. Le couvreur d’ardoise viendra cette
semaine pour couvrir la tour, et mettre le globe et l’étoile. Lobenstein avance
assés bien par raport au plâtre du lambris et dans 10 ou 12 jours il en sera au
quatre murailles qu’il croit pouvoir achever dans trois semaines, après quoi on
travaillera à dresser les bancs. Tout le monde trouve à propos de faire paver
l’église sous les bancs, et comme j’ai encore de l’argent de la collecte des
Nachrichten j’espere que vous aprouverés qu’on tire de là cette dépense
extraordinaire, qui à l’avis des personnes que nous avons consultées, est
très-nécessaire.
J’ai été extrèmement afligé de ne Vous voir pas avec Madame votre
Epouse. Après avoir apris que la divine Providence Vous
avoit apelé à servir votre patrie, mon unique consolation
étoit de Vous revoir ici pour quelque tems, et de tirer de vos lumieres plusieurs
avis pour mes propres interêts, et principalement pour ceux de notre troupeau
naissant. Le Tout-puissant en a disposé autrement, il faut se conformer sans
murmure à ses voyes incompréhensibles et toujours adorables. Quelque regret que
j’aye de Votre éloignement, Monsieur, je ne laisse pas de Vous féliciter
très-humblement de la Charge importante que Vous venés de recevoir dans votre
propre païs. Vous voila, Monsieur,
délivré des chagrins qui troubloient votre repos. Veuille le Seigneur verser sur
Vous ses plus précieuses bénédictions, Vous donner les forces nécessaires pour les
fonctions de votre charge, et Vous maintenir Vous, Monsieur, et tous ceux qui Vous
apartiennent en parfaite santé jusqu’à l’age le plus avancé! Daignez, Monsieur, me
conserver malgré l’absence les sentimens favorables dont Vous m’avez honoré
jusqu’ici, et comptez sur un atachement respectueux et inviolable de ma part, et
sur ma fidélité à l’épreuve. Je ne pourrois jamais assez m’étendre sur les
sentimens que je Vous porte; j’aime mieux les renfermer dans un silence qui
m’empêche de Vous importuner par un grand nombre d’expressions toujours trop
foibles pour marquer les impressions que vous avez faites dans mon coeur.
Ce ne sont pas tant mes ocupations qui sont cause du silence que j’ai gardé
jusqu’ici à Votre égard, que principalement la crainte de Vous causer des ports de
Lettres, dans le tems que je n’avois rien à Vous marquer, sinon les assurances de
mon humble respects. J’ai cru, Monsieur, que Vous pouviés être persuadé des
sentimens de vénération et d’obéïssance, et il ne tient qu’à Vous de me fournir
les moyens par Vos ordres, de Vous en donner des preuves. Pour aujourdhui,
Monsieur, que j’ai à Vous donner part de l’état où se trouve notre Eglise, je n’ai
pas hésité à Vous incommoder d’une longue lettre, dans
l’espérance que Vous y prendrai d’autant plus de part, que c’est l’ouvrage de vos
mains, de vos soins, de vos peines, lequel Dieu à béni et conduit au point où il
est maintenant. Vous trouverés, Monsieur, le détail des affaires de notre Eglise dans la Rélation que je
vai joindre à cette Lettre en forme de Journal. Daignés, Monsieur, comme Pere et
Auteur de cette Eglise prendre quelque Interèt à ce qui la regarde. Je n’oserois
réïtérer mes humbles prières par raport à une Contribution réelle, dans le besoin
où elle se trouve: C’est à Vous, Monsieur, à Vous déclarer là-dessus selon la
disposition où Vous vous trouvés à cet égard, et selon votre situation en général
et celle de vos afaires et de votre rélation en particulier. Mais, Monsieur, quand
il se trouveroit des obstacles de ce côté-là, nous osons nous flater ici, qu’il ne
s’en trouvera point, dès qu’il s’agit de Vos Conseils et de votre apui. Nous avons
besoin de l’une et de l’autre de cette sorte de secours de votre part. Je ne
spécifierai pas les points où vos avis nous peuvent être utiles. Le Journal
ci-joint Vous en présentera assez, où Vous pourrés nous aider de vos lumières en
nous communiquant Vos sentimens sur les articles que Vous jugerés dignes de
réflexion. Pour
Le départ de Monsieur Reynier, lequel a été reçu membre de la société Allemande, m’offre l’ocasion
de Vous renouveller les assurances de mes profonds respects. La circonstance du
tems m’engage aussi à Vous souhaiter, Monsieur, toute sorte de prospérité dans
cette nouvelle année. C’est avec une sensible douleur que j’ai apris le fâcheux
accident qui Vous est arrivé. Dieu veuille par sa
grace Vous acorder un promt rétablissement, et recompenser cette épreuve par un
surcroit de bénédictions célestes. Qu’il vous conserve longues années Vous,
Monsieur, et toute Votre illustre famille en parfaite santé, et Vous préserve de
tout ce qui pourroit troubler Votre repos. Ce sont des voeux qui partent d’une
coeur sincere, et lesquels j’acompagne de tous les sentimens respectueux que Votre
bonté et la Bienveillance dont vous m’honorés peut produire dans un coeur
sensible.
Je profite de l’ocasion que m’offre Monsieur de Becker, Gentilhomme
Livonien qui a étudié ici, pour Vous renouveller les assurances de mes profonds
respects, et de la vénération que je Vous ai toujours conservée dans mon coeur.
Vous avés daigné m’honorer de Votre bienveillance, Monsieur; je ne doute pas que
Vous n’ayés encore les mêmes sentimens envers moi, que Vous avés bien voulu me
témoigner lorsque Vous étiés ici. Si je n’ose me flater de les mériter, je
m’imagine n’en être pas indigne par la droiture et la sincérité dont je fais
profession.