Klientelismus und Freundschaft – Die Korrespondenz zwischen Albrecht von Haller und Vinzenz Bernhard Tscharner
Herausgegeben von Raphael Germann, hallerNet 2019

Tscharner an Haller, 25. Mai 1748

Je n’ai de ma Vie eu peu de satisfaction plus grande, que celle de voir / par la Lettre de Monsieur Zimmermann a Mr Stapfer que ma traduction / d’une de vos Pieces poetiques inserée dans la Bib. raisonnée, loin de Vous / deplaire, ait eu Votre aprobation. Je n’avois entrepris a traduire Vos ex- / charmantes poesies que pour mon amusement et mon instruction. Ceux, de / Vos Ouvrages qui sont a ma portée ont toujours eus toute mon admiration; / et je ne consulte que Vos leçons dans les Vers que je fais quelquefois pour / m’amuser moi et mes Amis. Il ne me restoit pour me rendr bien familiariser / avec Vos pensées, Vos expressions, Vos Sentimens, avec Vous meme Monsieur / qu’a traduire Vos Poesies, pour essayer d’en saisir les beautés aux mieux qu’il / m’étoitme seroit possible. Pardonnez monsieur, si ce n’est que par cet endroit que je Vous / offre mes hommages; il est vrai je ne connois, je n’admire en Vous que le Poete; je / Votre reputation m’est fort bien connue, mais je ne serois a cet egard tout autre / egard que le faible echo du monde Sçavant, et je ne pourrois Vous admirer que / sur un prejugé; Bien me fache de ne pouvoir Vous recor chercher dans Vos autres Ouvrages, et Vous admirer dans tous les rôlles ou Vous brillez. Les en-/couragements de Monsieur Stapfer sçurent enfin vaincre ma timidité et la / crainte ou j’etois de Vous deshonorer; j’hasardois ma traduction entre les mains / de l’editeur de la Bibliotheque raisonnée, a qui Vos poesies ont ete connues. J’a-/voue qu’il m’a désobligé; je fus autant choqué de la maniere en passant dont / il a parlé de Vous que des termes trop polis dans lesquels ils veut me deviner; beau-/coup de gens les trouveront là trop des compliments trop a leur place, et trop convenus. / Je souhaiterois qu’il eut mieux menagé Votre juste reputation et ma juste modestie.

Second paragraph omitted.

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ID 08714

Haller an Tscharner, 19. Juli 1748

On n’est guere assez philosophe Monsieur, pour ne pas voir / avec plaisir la bonne reception, que l’on fait a nos pro-/ductions. Les traductions flattent trop l’amour propre / pour etre vues sans complaisance, et le plaisir en est plus deli-/cat. Lors qu’on se voit traduit par un homme estimable, / et qu’on est se voit traduit aussi bien que je l’ai été / M. Wetstein a ses raisons pour diminuer les expressions / flateuses, quexxm’avoit Vous m’aviés prodiguées aparemment. / Il etoit un peu faché dans ce tems la, parce que sur de / certaines manieres, dont il ne sentoit peutetre pas aussi bien / que moi le desagrément, jʼavois renoncé a la Bibl Rais. que / je viens de reprendre sur a sa prière, et dans la quelle je donnerai / de tems en tems un extrait.

Second paragraph omitted.

3 paragraphs omitted.

ID 13940

Tscharner an Haller, 5. September 1748

Xxxrobation m’encourage de nouveau a mettre a la traduction / xxx Poesies tous les soins dont je suis capable. Vos expressions / obligeantes m’ont extremement flatté; Vous n’avez pas menagé ma pe-/tite Vanité, Vous n’avez pas reflechi au moment meme a toutes les / impressions que doit faire sur un jeune homme le poid de votre suffrage. / Avant meme que Vous m’ajez honoré d’une Lettre, j’etois zelé pour / Votre gloire, que je crojois inseparable de la reputation de notre Poesie. / Rien, Monsieur, ne Vous fait plus d’honneur, a mon Avis, que ce grand / nombre de Disciples qui sur Vos traces, entrent aujourdhui en lieu avec / l’aplaudissement des Connoisseurs; Ce sont autant de voix, pour Vous / immortaliser, par un si Vos ouvrages venoient a se perdre, par un sort fort ordinaire autrefois aux grands Autheurs, mais presqu’impossible aujourdhui. / Le plus delicat elóge de Kleist et de tant d’autres, c’est, qu’on ne peut pas / Vous copier avec plus de succès. je n’ose pas dire que je versifie Monsieur, / mais, peut’on Vous lire, sans devenir Poete de volonté? Xxx / honte a echouer sur Vos pas?

Second paragraph omitted.

ID 08715

Tscharner an Haller, 16. Februar 1749

J’ai l’honneur de Vous envojer le MS. de mes traductions, pour Vous / en faire un èspece d’hommage fort juste, et pour l‘abandonner entierement à l’usage / que vous trouverez à propos d’en faire. Les moments que j’ai donnés à cet amu-/sement ont été jusqu’alors des plus intéressants de ma Vie, puisqu’ils m’ont / donné le droit de me familiariser un peu avec Votre Muse dSublime; je lis avec un / plaisir toujours nouveau les ouvrages de Mr Pope et les Votres, qui ont tant de / raport ensemble; leur lecture me livre à une certaine méditation instructive, à un / plaisir reflechi, que l’esprit et le coeur partagent. Je ne suis point adorateur de l’é-/cole et des sistêmes, mais j’aime la métaphisique comme Vous la placez, et je Vous ai, dans mon particulier les obligations que tout le monde Vous doit, d’av pour avoir re-/vendiqué pour les Muses, cette Science divine, qui dévroit leur étre propre. / Je Vous laisse Monsieur, arbitre absolu du sort de ces feuilles. Je sçai que Vous n’étes / pas un Père trop tendre envers ces enfans de Votre prétieux loisir, mais ne sojez pas un / juge trop sèvère. Je n’intercéderai pas pour Doris, et quelques autres piéces que Vous / n’étes pas bien resolu de faire paroitre en francois, mon suffrage n’est de rien dans cette / affaire; mais voilaci le jugement qu’un francois en a porté, à qui j’ai communiqué le / MS. de mes traductions. C’est M. Bertrand Ministre françois à Berne, homme de / lettres dans son parti Cabinet, et éxcéllent Orateur sur la chaire; traducteur du Léonidas / de M. Glower et par là plus en état de juger de ces sortes d’ouvrages: je l’avois prié / de lire mes feuilles pour donner a mon Style la perféction francoise, où pour l’en aprocher / du moins aussi prés que cela se pourroit; il marque dans sa reponse qu’il trouve le matin / fort beau, que Doris passeit, à son grèt, tout ce que les françois font dans ce gout, et il / ne doute point que toutes les autres piéces; marquées au coin de la vraie poésie ne soient / reçues avec empressement des francois. Au réste, Monsieur, après la bonté que Vous / avez eu d’avouer mes petits soins, il ne m’arrivera jamais d’en faire imprimer une Lettre sans / Votre consentement.

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ID 08716

Haller an Tscharner, April 1749

Je Vous envoie Monsieur un essai de Votre propre ouvrage. Je Vous / avoue, qu’avant que d’exposer mes poemes a la censurer d’une nation aussi / delicate, et aussi riche en excellens Poetes, que l’est la nation Française, / j’ai cru devoir essayer encore une fois, si je ne risquerois pas trop – Sans etre / fort avide de louanges on voudroit pourtant ne pas etre un objet de mepris, / cela influe trop sur notre Sort et meme celui de toute une famille. Il y a / quelque difference a faire des François aux Allemands, ces derniers ont moins / de grands poetes, leur nation langue est moins cultivée et leur gout moins / fin. J’ai donc choisi un poeme, que je croyois devoir ne faire qu’une feuille / mais qui en a fait d’avantage. J’y ai fait quelques petits changemens, et / je Vous en envoye quelques copies. On ne sauroit trop etre en garde contre / Ses propres esperances et contre l’indulgence de Ses amis. Je crains que Mr / Bertrand n’ait voulu flater le gout d’un gentilhomme de Votre rang, et peutetre / [m]’a-t-il cru assez faible pour trouver mauvais tout autre jugement qu’une / parfaite aprobation. Je serois bien aise au reste de voir la Doris de Mr Werd-/muller et si les François qui verront notre essai ne me raillent pas trop, / S’il y a de l’aparence a echaper a une censure trop declarée, je hazarderai le / reste de paquet, et ferai imprimer sous mes yeux et avec la derniere propreté / le reste de Vos traductions,

ID 15732

Tscharner an Haller, 16. Juni 1749

Vous connoissez sans doute mieux que moi le gout du Public et le / vrai prix de Vos propres Ouvrages; cependant, comme Vous n’avez / jamais apris à connoitre ce Public que par ses aplaudissemens, excusés / la surprise où je suis de Vous voir douter encore de ses faveurs. / Quelle diference qu’il y ait entre le génie de la langue francoise et le / gout de la poésie allemande, les grandes beautés, les beautés solides / qui naissent du fond des pensées, ont partout les mêmes regles, les mêmes / caracteres; j’en conclûe, Monsieur, que quoique depouillées de toutes leurs graces extérieures, Vos poësies, par cet esprit philosophique et cette richesse / de pensées, qui les caracterise, ne manqueront pas de Vous atirer sur leur / nouvelle Scene, des eloges nouveaux. Les Français sont aujourdhui si bien / familiarisés avec les Poëtes Anglais, et ils reconnoitront si bien leur genie et / leurs sentimens dans Vos Ouvrages, qu’ils ne manqueront pas de les placer / au même rang. je n’ai point eu d’occasion particuliere pour consulter le / gout de quelque français, sur l’essai que Vous avès eû la bonté de m’envojer. / Monsieur Bodmer m’ecrit qu’il ne peut expliquer tant de precautions que / par une modestie extrême. Quand à moi, Monsieur, je souhaite l’entiere / impression de Vos poësies traduites, beaucoup moins pour l’intêret de la / traduction, que pour l’intêret de Votre gloire. Combien que je me sente / flaté, d’avoir sçû traduire à Votre satisfaction, je pense toujours, que / beaucoup d’autres auroient rendu cette traduction plus interessante et plus utile aux Français; mais je verrai avec un plaisir bien plus grand, / Vos Ouvrages nous reconcilier cette Nation charmante, et detruire les / idées qui les préoccupent contre nous. Vos corrections ne sont pas en aussi / grand nombre, que je devois bien m’y atendre; elles ne peuvent que donner / un nouveau jour à la pensée, et plus de credit à la traduction. Il faudroit / avoir soin d’une impression fort correcte et surtout d’une ponctuation plus / exacte dans l’execution de l’Ouvrage entier; pour eviter le préjugé, que / feroit naitre chès le Public, l’idée, d’un traducteur qui n’entendroit pas / la Langue. Cette petite circonstance à été negligée dans l’Essai, elle y / etoit cependant necessaire; le François s’atache un peu à la superficie, et / un essai se donne pour un echantillon. je n’ai point pû voir la traduction / de Doris; il faut que Monsieur Werdmuller ait été distrait, où qu’il / la cache. En Vous recommandant de nouveau Vos propres Ouvrages,

ID 08717

Tscharner an Haller, 31. Juli 1749

Vous avès ici comme partout ailleurs des gens qui Vous aiment. / Pour moi, qui prends un intêret particulier a Votre Santé, je fus / vivement allarmé dans la derniere Occasion, qui la ménaça quoique / la nouvelle de Votre guérison, me fut venue avant celle de la maladie. / Je Vous souhaite de tout mon coeur un parfait retablissement, pour la, / consolation de tout ceux, qui Vous honorent comme moi.

Second paragraph omitted.

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ID 08718

Haller an Tscharner, 17. Oktober 1749

Je Vous suis très obligé Monsieur, de la part que Vous avez / bien voulu prendre a ma maladie[.] Je me retablis graces a Dieu peu a peu, / et surtout depuis quelques semaines.

J’ai fait copier Votre traduction de mes poemes: et le libraire a promis de les expedier / pour la foire de Francfort Paques, et meme de les accompagner des memes ornemens, qu’il a / ajoutés a l’édition allemande. Je suis toujours un peu inquiet sur le sort de ces pro-/ductions, qui ne seront peutetre pas du gout des Français, nation critique, et gatée par / les grands hommes qu’elle a produit, et qui l’ont rendue extremement difficile. / Je metrai le Nom puisque vous le voulés. Mais il faudra bien designer le traducteur par / quelque endroit, et je ne trouve aucun inconvenient a Vous Vous donner ce qui Vous est du, / et ce qui est dans Votre famille depuis longtems.

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ID 13744

Tscharner an Haller, 5. Januar 1750

Quand j’eus l’honneur de Vous exprimer ma joïe sur l’heureux retour / de Votre prétieuse santé, je choisis moins les termes de la Civilité que ceux / qu’un attachement sincère pour Votre Personne me dictoit. Puissiés Vous / finir plus heureusement cette année et les suivantes.

Second paragraph omitted.

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ID 08719

Haller an Tscharner, 26. März 1750

Nous sommes ocupés mon cher Monsieur a imprimer les fer der-/nieres feuilles de Votre traduction, qui se vendra a la foire de Paques. / Nous y ajouterons les poemes, que Vous avés envoyés a M. xxxFrisching. / Je ne crois pas pouvoir me dispenser de faire une espece d’apologie / dans une preface pour la temerité ou je suis tombé de permetre l’édition / d’une traduction de mes poemes. Je crains extremement que je ne me sois / exposé par la a des critiques, que j’aurois evitées en gardant l’incognito / a l’egard des français. Mes raisons seront plus detaillées dans la preface

Second paragraph omitted.

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ID 15734